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Les autorités chargées de la protection des données personnelles et de la vie privée soulignent l’importance du respect de la vie privée dès la conception dans la communication des données relatives à la santé aux fins de voyages nationaux ou internationaux pendant la pandémie de COVID-19.

Contexte

Les gouvernements du monde entier mettent en œuvre des mesures pour freiner la propagation de la COVID-19 tout en planifiant la pleine reprise des activités économiques et sociales au-delà des frontières. Pour de nombreux passagers nationaux ou internationaux, cela signifie qu’ils doivent communiquer des renseignements sur leur santé, tels qu’un résultat négatif au test de dépistage de la COVID-19 ou leur statut de vaccination, comme condition préalable au voyage. Des « passeports sanitaires » et des « codes sanitaires » numériques ont également été proposés.

La communication potentielle de ces données personnelles relatives à la santé, à une vaste échelle, au-delà des frontières et entre diverses entités, est sans précédent. La technologie numérique permet de le faire rapidement et à grande échelle. Si de telles mesures peuvent se justifier pour des raisons de santé publique, la communication de ces renseignements sensibles peut et devrait se faire dans le respect de la vie privée. La technologie présentera des risques mais aussi la possibilité de mettre en place des mesures de protection pour les personnes. L’innovation peut aller de pair avec la protection de la vie privée.

Depuis le début de la pandémie, les membres de l’Assemblée mondiale pour la protection de la vie privée ont conseillé des gouvernements, des entreprises privées, des organisations caritatives et des organisations non gouvernementales sur la conception et l’élaboration de systèmes permettant de traiter les données personnelles relatives à la santé de manière à protéger au mieux la vie privée. La présente déclaration vise à compléter les efforts déployés à l’échelle nationale ou régionale et à contribuer à un résultat concret et coordonné en matière de protection de la vie privée à l’échelle internationale. Elle reflète les principes communs de protection des données et de la vie privée à l’échelle mondiale, dont la protection de la vie privée dès la conception et par défaut.

Renforcer la confiance du public en protégeant la vie privée

Pour instaurer un climat de confiance en ce qui concerne le traitement des données personnelles relatives à la santé aux fins de voyage, il faut que les personnes aient l’assurance que leurs données sont traitées de manière sécurisée; que les données qui leur sont demandées ne sont pas excessives; que des informations claires et accessibles sont mises à leur disposition pour comprendre comment leurs données seront utilisées; que le traitement a une finalité bien précise; et que leurs données ne seront pas conservées plus longtemps que nécessaire.

Le comité exécutif de l’Assemblée mondiale pour la protection de la vie privée rappelle que si les données et la technologie peuvent être des outils importants pour mieux lutter contre la pandémie de COVID-19, elles ont des limites intrinsèques et ne peuvent que tirer parti de l’efficacité d’autres mesures de santé publique. En outre, elles doivent s’inscrire dans une stratégie globale de santé publique pour lutter contre la pandémie. Les principes d’efficacité, de nécessité et de proportionnalité doivent guider toute mesure adoptée par les gouvernements et les autorités qui implique le traitement de données personnelles pour lutter contre la COVID-19[1].

Le comité exécutif de l’Assemblée mondiale sur la protection de la vie privée invite donc instamment les gouvernements et les autres organisations responsables du traitement des données personnelles relatives à la santé aux fins de voyages internationaux à prendre en considération les principes suivants, qui reflètent les pratiques et les principes communs de protection des données à l’échelle mondiale, et à leur accorder toute l’attention requise :

  • Le traitement des données personnelles relatives à la santé comme condition préalable à un voyage international peut se justifier pour des raisons de santé publique, mais il est indispensable de prendre en compte les risques pour la vie privée dès le départ.
  • Les principes de « protection de la vie privée dès la conception et par défaut » devraient être intégrés à tout système, application ou accord d’échange de données concernant le traitement des données personnelles relatives à la santé aux fins de voyages internationaux. Une évaluation formelle et complète de l’impact sur la vie privée des personnes avant le début de tout traitement est la meilleure méthode pour veiller à ce que les principes de protection des données dès la conception soient mis en œuvre dans la pratique et à ce que les risques sous-jacents soient atténués de manière appropriée. Les organisations devraient demander conseil auprès des autorités chargées de la protection des données personnelles et de la vie privée sur cette question ou encore consulter les orientations de ces dernières.
  • Les données personnelles recueillies, utilisées ou communiquées pour atténuer les effets de la COVID-19 sur la santé publique doivent avoir une finalité clairement définie. La finalité devrait être précise, dans le contexte général de la mesure de santé publique. Les données personnelles ne doivent pas être utilisées d’une manière incompatible avec cette finalité.
  • Toutes les organisations doivent agir en vertu d’une autorité légale compétente et appropriée, en veillant à ce qu’elles ne traitent les données personnelles relatives à la santé que lorsque cela est nécessaire et proportionné.
  • Les droits des personnes vulnérables, qui ne sont pas en mesure d’utiliser des appareils électroniques ou qui n’y ont pas accès, doivent être protégés, et des solutions de rechange devraient être envisagées pour veiller à ce que ces personnes ne soient pas victimes de discrimination. De même, les droits des personnes qui, en raison de leur âge, de risques éventuels pour leur santé ou d’autres conditions sous-jacentes, ne peuvent pas être vaccinées, devraient également être protégés.
  • Les personnes devraient être informées de la manière dont leurs données sont utilisées, par qui et dans quel but, et recevoir des informations claires et accessibles.  La diversité géographique, culturelle et linguistique des personnes désireuses de voyager doit être reconnue.
  • Les organisations ne devraient recueillir auprès des individus ou d’autres sources que la quantité minimale de renseignements sur la santé qui est nécessaire à leur contribution à la protection de la santé publique.
  • Des mesures devraient être prises pour faire face aux risques liés à la communication directe de renseignements provenant de dossiers médicaux aux fins de voyage – parmi les stratégies de protection de la vie privée dès la conception, pensons aux systèmes fédérés de gestion de l’identité et au niveau de traitement effectué par les dispositifs utilisés.
  • Les risques relatifs à la cybersécurité de tout système ou application numérique doivent être pleinement évalués, en tenant compte des dangers qui peuvent émaner de divers acteurs dans un contexte de menace mondiale.
  • Les organisations devraient réfléchir soigneusement à la durée de conservation des données et établir un calendrier de conservation prévoyant la suppression sûre des renseignements lorsqu’ils ne sont plus nécessaires.
  • Des clauses de temporisation devraient être intégrées dans la conception de ces systèmes, prévoyant la suppression permanente de ces données ou bases de données, et reconnaissant que le traitement courant des renseignements sur la santé en lien avec la COVID-19 aux frontières peut devenir inutile une fois la pandémie terminée. Les systèmes devraient également être revus périodiquement pour veiller à ce que le traitement reste nécessaire et proportionné pendant la pandémie.

[1] https://globalprivacyassembly.org/wp-content/uploads/2021/01/FINAL-RESOLUTION-COVID-19-VERSION-FINALE-ADOPTEE-FR.pdf